De nouveaux reculs… Mais la réforme est encore là.Nous obtiendrons son retrait
Après avoir concédé, le 20 mars dernier, le maintien des concours dans leur forme actuelle en 2010,M. Darcos et Mme Pécresse viennent d’annoncer que les étudiants titulaires d’une licence pourraients’inscrire aux formations actuelles PE1, PLC1, etc. à l’IUFM ou en master 1 à l’Université. Par là même,le feu vert est donné aux inscriptions en 1re année dans les IUFM, que 13 d’entre eux avaient déjà ouvertes.Ainsi, en quelques jours, bien que Xavier Darcos ait déclaré qu’il ne serait pas « le ministre de l’hésitationnationale », le gouvernement vient de céder à des demandes auxquelles il était resté sourd jusque-là. Les membresdes collectifs locaux d’enseignants-chercheurs, formateurs, stagiaires, étudiants et Biatoss, syndiqués et nonsyndiqués, sont en droit d’y voir le résultat de leur action et de leur opiniâtreté.Le gouvernement annonce aussi que la 1re année de formation, pour les étudiants inscrits en IUFM, seravalidée comme 1re année de master. Comme l’analysent plusieurs présidents d’université dans une déclaration du27 mars, derrière ce qui peut apparaître comme une autre concession, le gouvernement cherche en fait à enclencher de façon irréversible le processus de réforme de la formation dès septembre 2009. Or sur le fond,son projet reste inchangé, il tourne toujours le dos à l’amélioration de la formation.Au total, les reculs sont donc réels, mais le gouvernement reste déterminé à réaliser sa réforme.C’est pourquoi nous demandons à nouveau le maintien intégral des modèles de formation actuels pourl’année universitaire prochaine et les dates habituelles des concours. Pour les lauréats des concours de2010, nous exigeons aussi l’accès aux formations actuelles, rémunérées en tant que fonctionnairesstagiaires. L’assemblée unanime des directeurs des départements de Lettres et Sciences Humaines, réunis le 28mars, invite le gouvernement à convoquer les États Généraux de la formation des enseignants et à organiser laréflexion sur la formation, les concours et le financement des études avec toutes les parties prenantes. LaConférence de Directeurs d’IUFM a formulé la même demande. Nous appuyons totalement cette idée et nousinvitons les présidents d’université à se concerter pour engager dès maintenant ce processus démocratique defaçon décentralisée, dans les UFR et les IUFM, puis au niveau académique.Nous appelons les collectifs à se donner les moyens d’informer les personnels, les stagiaires et les étudiants.Il s’agit de mesurer ensemble, exactement, la réalité des reculs obtenus. Nous les appelons à renforcer leur actionpour obtenir le retrait de la réforme actuelle et la convocation des États Généraux. Organisons partout, le 31 mars, des cérémonies de non-remise des maquettes : pas uneseule maquette de master ne doit arriver chez Mme Pécresse, ni le 31 mars, ni après !
Participons activement à la journée nationale du 2 avril : 1 000 manifs pour l’éducation.La coordination nationale formation des enseignants tiendra sa 3e réunion samedi 4 avril à Paris.Cette réforme c’est toujours…
La disparition de l’année de formation en alternance rémunérée après le concours, remplacée par une annéedite de « stage » où le débutant assumerait 2/3 du temps de classe (aujourd’hui, PE = 1/3 ; PLC = 45 %).
En lieu et place de cette année essentielle pour la professionnalisation, des stages facultatifs au cours dumaster, limités à 108 heures par an, et en nombre insuffisant pour assurer des conditions de formation égales :50 000 stages sont prévus pour 140 000 candidats inscrits aux concours habituellement !
Une année M2 qui serait un ingérable fourre-tout : préparation du concours, autres enseignements, réalisationdu mémoire de recherche, stage en responsabilité… en plus d’un « boulot » pour 1 étudiant sur 2.
Le risque de constituer un corps de précaires avec les reçus au master professionnel et collés au concours (ouadmissibles seulement).
Des épreuves de concours hybrides qui ne garantissent pas la maîtrise des connaissances disciplinaires…
La concurrence entre universités, les inégalités territoriales, la braderie des personnels des IUFM, de leurssavoir-faire dans la formation, la disparition de certains sites dans les départements ruraux, l’étouffement de larecherche didactique et pédagogique, etc.ASi on les laissait faire…Le gouvernement veut toujours réaliser sa réforme alors que son projet est toujours aussi instable, flou etcontradictoire : pour qui voudrait le mettre en oeuvre, manqueraient des précisions indispensables sur les stages en M1et en M2, sur les concours et leur date (janvier et mai de M2 ou octobre et mai, comme annoncé tout récemment ?), surl’année de stage, sur l'utilisation du potentiel de formation et de recherche des IUFM, sur l’organisation descoopérations interuniversitaires, etc. Concevoir des masters enseignement et les ouvrir en septembre dans de tellesconditions, ce serait grotesque ! Il n’y a que d’obscures officines privées qui s’y soient risquées.Avec ces mesures, les IUFM seraient particulièrement fragilisés : les étudiants visant une préparation au métier dePLC s'inscriraient en M1 dans leur UFR, mais ils y resteraient naturellement en M2 (actuellement l’IUFM accueille lesPLC2 et organise leur formation). De la sorte, on aboutirait à réserver les IUFM aux formations des PE (moins ceuxque des universités concurrentes auraient réussi à « capter »), des PLP (moins ceux que…) et des CPE et l'oninstitutionnaliserait la coupure entre 1er et 2nd degré. Et si les IUFM ne participaient pas ès qualités au suivi et à lavalidation de l’année de stage, ils seraient évincés de cette phase de la formation qui suivrait immédiatement leconcours et que le ministère appelle « continuée ». Dès l’an prochain, avec la diminution de 30 % des postes dans lepremier degré, la formation initiale PE2 et la formation continue associée seront amputées d’un tiers.Certes, les deux ministres se sont engagés à maintenir durant l’année prochaine les moyens des IUFM et tous les sitesdépartementaux, mais cet engagement n’a aucune fiabilité dans le cadre de l’autonomie des universités : celles quiont intégré un IUFM feront bien ce qu’elles voudront si elles n’ont plus d’usagers (étudiants et stagiaires) dans leursantennes décentralisées.Les UFR, elles aussi, seraient fragilisées : le siphonnage de leurs masters actuels s’amorcerait dès les prochainesinscriptions universitaires.Les personnels impliqués dans la formation des enseignants dans les UFR et dans les IUFM ne peuvent accepterle marché que le gouvernement veut leur « placer » : « vous pouvez inscrire les étudiants à des préparations auxconcours actuels, mais laissez-moi démarrer ma réforme ».Pour les étudiants, ces annonces soulèvent beaucoup de questions :
Dans quelle formation s’inscriront-ils si l’université n’a pas ouvert de master enseignement, soit parce que,comme la plupart des universités, elle a refusé de participer à la course à la médiocrité et n’a pas envoyé de maquette,soit parce que sa maquette n’a pas été habilitée ?
Sur quels critères serait attribuée la reconnaissance de l'année de M1 en IUFM : concours blanc, contrôle continu,mixte des deux ? Prendrait-on les stages en compte ? Sinon, est-il sérieux de parler de « master professionnel » ?
Il serait logique et juste que les PE1 et PLC1 qui réussiront les actuels concours de 2010, l’année suivante, soientfonctionnaires-stagiaires et bénéficient des actuels plans de formation. Ce n’est pas ce que les ministères ont prévu.Ils veulent recruter les lauréats des concours 2010 comme enseignants-stagiaires en 2011 sous réserve qu’ils aientobtenu leur M2. Ainsi, un lauréat du concours 2010 collé au master perdrait le bénéfice de son concours ! Quant àceux qui seraient recrutés comme fonctionnaires-stagiaires, ils auraient un service à 2/3 temps, bien plus lourdqu’aujourd’hui.
Les étudiants inscrits en IUFM en septembre 2009 pourraient-ils poursuivre en M2 en IUFM ? Dans quel master,alors qu’ils n’existent pas encore ? Et avec quelle articulation entre M1 et M2 ?
Ceux qui auraient le M1 en 2010 et échoueraient au concours, devraient-ils redoubler, pourraient-ils repasser cesmêmes épreuves en M2 ou devraient-ils se préparer aux épreuves du nouveau concours associées au M2 ?
Et les lauréats qui se seraient inscrits comme candidats « libres » (cette catégorie est nombreuse), seraient-ils misdirectement sur le terrain pour leur année de « stage », sans formation ? Etc.La question du financement des études est toujours au point mort : la proposition la plus conséquente reste lapriorité dans l’accès à des emplois d’assistant d’éducation pour 9 000 étudiants. Le ministère croit-il toujours qu’ilspourront se consacrer pleinement à leur mission dans les établissements scolaires et à leur formation ?Enfin, si les universitaires des UFR et des IUFM participaient à ce processus, ils seraient conduits à se jeter dansune concurrence perverse, qu'ils ont refusée jusqu'ici avec force.Nous avons agi depuis des mois contre cette réforme. Nous apprécions nos premiers succès, mais nous ne nous laisserons pas étourdir par le chant des sirènes : ce recul ne peut pas nous suffire !Nous obtiendrons le retrait de la réforme et la convocation d’États Généraux !
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