mercredi 14 avril 2010

LETTRE OUVERTE DES FORMATEURS DU CENTRE DE LIVRY-GARGAN DE L'I.U.F.M. DE CRETEIL A M. L'INSPECTEUR D'ACADEMIE DE SEINE-SAINT-DENIS

Livry-Gargan, le 14 avril 2010,





Objet : remplacements d’enseignants titulaires confiés à des étudiants.





Monsieur l’Inspecteur d’Académie de Seine-Saint-Denis,





Ces derniers jours, vos services ont envoyé aux étudiants qui préparent le concours de recrutement des professeurs d’école (PE1) au centre de Livry-Gargan de l’I.U.F.M. de Créteil le message suivant :



« Dans le cadre de la masterisation et comme vous êtes inscrit(e) au CERPE 2010, l'inspection académique est en mesure de vous proposer un stage de formation en responsabilité en classe à compter du 05 AVRIL 2010.



Si cette proposition vous intéresse, merci d'entrer en contact avec Mme … »



En tant que formateurs, nous faisons tout notre possible pour que ces jeunes réussissent leur concours d’autant qu’en cas d’échec, ils ne pourront pas forcément retenter leur chance l’an prochain. En effet, la réforme dite de « masterisation » rend l’inscription en master 2 obligatoire pour s’inscrire au concours alors qu’une licence suffisait jusqu’à présent.



Proposer un pseudo-stage de formation à ces jeunes est révoltant à plusieurs titres.



● Révoltant parce que nous sommes à quelques semaines des épreuves qui commencent le 27 avril et que rien ne devrait venir perturber les dernières révisions.



● Révoltant parce que ces remplacements rémunérés 750 euros net la semaine soit 3000 euros net le mois attireront en premier lieu des étudiants d’origine modeste et leur feront courir un risque d’échec à leur concours.



● Révoltant car ces jeunes à qui vous confiez des élèves n’ont pas appris à enseigner et n’auront pas, pour cause de révision, la disponibilité nécessaire. On peut légitimement s’étonner qu'une administration si prompte à exiger un service minimum en cas de grève, afin que les élèves ne perdent pas un seul jour d'école, se montre aussi indifférente à la qualité de l’enseignement dispensé, durant plusieurs semaines.



● Révoltant pour la violence du premier contact avec le métier que ces étudiants vont subir. Des étudiants envoyés précédemment dans les classes ont été gravement chahutés, au point que l’un d’eux a abandonné sa classe et ses élèves au cours de la première journée, un autre s’est retrouvé avec un élève sur le dos, au sens propre du terme. Une autre étudiante, pour se faire respecter, a tellement sévi que les élèves ont fait une manifestation dans la cour et ont refusé de remonter en classe dès la récréation de la première matinée de sa prise de fonction ! Auparavant, elle avait puni un élève pour un travail non fait, ignorant que celui-ci, handicapé, était dans l’incapacité de le faire ! Elle s’est effondrée en larmes dans le bureau de la directrice. On peut aussi imaginer les difficultés que les enseignants suivants rencontreront pour reprendre en main ces élèves.



● Révoltant pour les risques encourus par les élèves. Certains étudiants ignorent qu’il faut faire l’appel ou que certaines précautions doivent être prises quand on traverse une partie de la ville avec ses élèves pour se rendre par exemple au gymnase.

Quelle garantie prenez-vous concernant le respect et la transmission des valeurs républicaines au sein de l’Ecole publique ? Quelle garantie contre le prosélytisme religieux par exemple ?



● Révoltant car ces remplacements sont déguisés en stage de formation alors qu’aucune préparation, aucun accompagnement ne sont prévus ni par des formateurs I.U.F.M ni par des maîtres formateurs. Afin d’éviter des réactions d’hostilité de la part de parents, votre recrutement de non-enseignants s’effectue dans le plus grand secret. Les formateurs ignorent l’identité des étudiants volontaires tandis que les équipes des écoles où ces remplacements vont être effectués ignorent le statut d’étudiant des personnes qui arrivent.



● Révoltant à cause des dysfonctionnements que ces remplacements risquent d’engendrer dans les écoles et de la surcharge de travail pour les titulaires qu’ils occasionneront. Les chahuts vont nécessairement obliger les enseignants des classes voisines à laisser leur propre classe pour intervenir dans celles confiées aux non-enseignants. L’aide que les titulaires ne manqueront pas d’apporter à ces jeunes démunis s’effectuera sur le temps libre, durant la récréation, le temps de repas, le soir au téléphone ou par mail.





La décision du gouvernement de ne pas remplacer le départ à la retraite d’un fonctionnaire sur deux crée naturellement de graves problèmes de remplacement. De nombreuses classes se retrouvent sans enseignant, les élèves sont répartis dans d’autres classes, leur scolarité est sacrifiée et les conditions de travail des enseignants qui accueillent ces élèves se dégradent.



Dans l’intérêt des élèves, des étudiants et des enseignants, nous vous demandons de renoncer à envoyer dans les classes des non-enseignants et de réclamer du gouvernement une augmentation du nombre de postes au concours à hauteur des besoins ainsi que l’abandon de la réforme dite de masterisation qui consiste à envoyer dans les classes, en responsabilité, des étudiants en master 2 et des nouveaux recrutés non formés.





Nous vous prions d’agréer, Monsieur l’Inspecteur d’académie, l’expression de notre attachement à la qualité de notre École publique.







l’Intersyndicale des formateurs de l’I.U.F.M. de Créteil, site de Livry-Gargan, Université Paris-Est Créteil Val de Marne.

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